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dimanche 6 août 2017

Colloque : L'Europe selon Jean-Marie Lustiger


Jeudi 11 février 2010 : qu’est-ce que l’Europe ? Tandis que le sauvetage économique de la Grèce agite l’Union européenne, au Collège des Bernardins, le colloque organisé par l’Institut Jean-Marie-Lustiger oblige à se poser la question. Pourquoi et de quoi est-elle solidaire ? Au nom de quoi ?

La pensée du cardinal Lustiger est stimulante. Pourquoi s’intéressait-il à l’Europe ? Parce qu’elle s’est définie comme la maison-mère de la raison. Comment s’intéressait-il à l’Europe ? Selon une « géopolitique spirituelle » où l’Allemagne, la Pologne, la Russie, liées aux tragédies du XXe siècle, tenaient une place centrale, mais où le rapprochement entre catholicisme et orthodoxie les « deux poumons de l’Europe » était le ferment le plus fort.
Loin de toute logique d’empire, J.-M. Lustiger souhaitait l’édification d’une « communauté de frères ». Mais comment être une communauté de frères, sans reconnaître ce que « l’Europe insaisissable et cohérente» doit à l’irruption fondatrice de la Sainte Trinité dans son histoire ? Bref, qu’est-ce que l’Europe, et quel avenir pour elle, sans sa filiation spirituelle ?
   
Beau panel d’intervenants (Jean-Luc Marion, de l’Académie française, Pavel Fisher, ambassadeur de la République tchèque en France, le cardinal de Venise Angelo Scola, Henryk Wozniakowski, vice-président du centre culturel Znak à Cracovie, entre autres) de plusieurs pays d’Europe, pour répondre à cette question et tracer des voies d’avenir (1).
Retenons que, pour Jean-Marie Lustiger, la crise de la raison, qui engendre en Europe un nihilisme destructeur, ne se dépassera que par l’Esprit Saint. La réconciliation, qui est à l’origine de la construction européenne au XXe siècle, est loin d’être acquise dans toute l’Europe (ainsi de la Pologne, la Russie, la République tchèque dont la réconciliation interne est elle-même encore à venir). L’amitié comme programme appelle la conversion mutuelle. Dans le monde qui se construit, l’Europe, unité dans la diversité, a vocation à promouvoir un monde « pluripolaire » plus que « multipolaire », c’est-à-dire un monde acceptant le débat entre fils d’une même histoire sans renoncer à l’unité, et ce au nom de la Trinité qui la fonde. Certes, le débat sur les « racines chrétiennes » fut raté, mais la place et la diversité des relations Églises-États est sauvegardée dans les traités. Elle permet le partage des biens spirituels.
Reste que l’Europe selon l’Esprit exige des Européens un énorme effort pour surmonter la crise de la famille, de l’éducation, de la transmission. Pour Jean-Marie Lustiger comme ceux qui le suivent, un sens renouvelé des dons reçus de Dieu doit rendre à nouveau l’Europe capable de donner et de transmettre. C’est urgent.  
Marie-Joëlle Guillaume

(1) Les actes seront publiés par l’Institut Jean-Marie-Lustiger.


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