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lundi 17 février 2020

Pourim raconté par Isaac Pougatch et Elie Wiesel







Célébration dans la tourmente, extraits de Pourim


                                     À Buchenwald

Nous étions un groupe de déportés logeant au "quatrième étage" c'est à dire que nous dormions dans la grande baraque du camp sur les grabats en bois les plus élevés (...). 

Quelques jours avant Pourim, je commençai à ramasser tous les morceaux de papiers trouvés à l'intérieur du camp; je les distribuai ensuite aux camarades. Chacun écrivait dessus les versets de la Meguila d'Esther dont il se souvenait. Ce même jour, je proposai d'organiser une étude de la Michna Meguila (commentaire de la Meguila) en l'honneur de Pourim. Le soir du jeûne d'Esther, nous nous étions rassemblés au "quatrième étage" pour lire la Meguila. "Les habitants des étages inférieurs" s'en étant aperçus exprimèrent aussitôt le désir de participer à la fête. 

"Nous aussi nous voulons nous venger du méchant Hamann" déclarèrent-ils. 

La lecture de la Meguila était prévue pour vingt-deux ou vingt-trois heures, quand tout le monde était censé dormir. 

Selon le din, nous n'avions pas le droit de prononcer la bénédiction pour une telle lecture. Ce fut cependant un événement extraordinaire qui produisit sur nous un effet vivifiant quand retentit le chant Chochanath Yaakov (prière chantée après la lecture de la Meguila le jour de Pourim). Nous avions alors l'impression que tout le camp chantait avec nous : 

"Maudit soit Hamann qui voulut nous faire périr ! Béni soit Mardochée qui triomphe sans coup férir !". Le lendemain de bon matin nous nous entourâmes à nouveau les jambes de chiffons pour aller travailler comme à l'accoutumée. Nous étions cependant de bonne humeur. On aurait dit qu'un changement s'était produit dans l'atmosphère du camp. Nous avions osé chanter à haute et intelligible voix : Maudit soit Hamann. 

En ce jour de Pourim nous éprouvions une réelle joie, digne de la fête. Abraham-Eliahou, le jeune homme énergique de notre groupe, était venu nous rapporter sous le sceau du secret une confidence du kapo ukrainien : "Hitler kaput", "Hitler est mort"

(Raconté par Yaakov Frenkel et rapporté par M. Prager dans son livre Eleh chelo nikhné'ou , 1963, p. 165-167).


                 Au camp de travail d'Eichenwald

Les juifs du camp de travail d'Eichenwald près de Posen voulaient absolument accomplir le commandement de michloa'h manoth (échange de cadeaux) à Pourim. Comment ? En s'envoyant l'un à l'autre deux petits morceaux de pain. Mais comment se passer d'une denrée aussi vitale? 

Pourtant certains prélevèrent sur leur ration quotidienne le précieux cadeau afin de pouvoir accomplir la mitsva de michloa'h manoth.  

Le pain était distribué dans la baraque le vendredi soir après la soupe aqueuse. Si l'on en prélevait pour michloa'h manoth il n'en resterait plus pour le kiddouch

Les religieux décidèrent de faire le prélèvement pendant la semaine précédant Pourim en jeûnant un jour, la veille, justement à taanith Esther (jeûne d'Esther) le 13 adar

Quelques jours avant Pourim 1941, les esclaves juifs eurent la satisfaction de constater que les Allemands creusaient des abris antiaériens en plein centre de la ville : ils redoutaient les bombardements alliés. Cela réjouit les Juifs, ils croyaient que la délivrance était proche; ils se préparèrent à fêter Pourim avec plus de joie. 

Quand Pourim fut là, nous nous sommes envoyé les uns aux autres des michloa'h manoth : des petits bouts de pain. Qui avait pu mettre de côté un petit bout de pain le donnait. Celui qui n'avait pu le faire se contentait de recevoir les michloa'h manoth. Puis nous avons chanté avec enthousiasme Chochanath Yaakov. 

(Témoignage de Zeev Kibel, Beith Yaakov, Jérusalem, adar 1966, p. 26).


Des gâteaux au gingembre pour Pourim dans le ghetto de Varsovie




Un jeu de Pourim, Dachau, Mars 1945



Pourim 9 Mars / 10 Mars 2020







https://fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/648677/jewish/Quest-ce-que-Pourim.htm

Il essuiera toute larme de leurs yeux, Joël Rosenfeld



Chagall Marc, les vitraux de la cathé de Reims.