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jeudi 3 mars 2022

La 'Amida ou prière des 18 Bénédictions (Elisabeth Smadja)


                                 La Amida ou prière des 18 bénédictions.

 

 

 La Amida est l’élément central de la prière juive. Le Talmud en fait LA PRIÈRE par excellence. On peut la dire qu'il y ait minyan « quorum de 10 personnes » ou non. 

Selon la tradition rabbinique,  elle a été instituée pour remplacer les offrandes au temple. Le texte est attribué par la Tradition à Shimon A Piqouli, l'un des membres de la grande assemblée. Elle reçut sa version définitive après la destruction du temple à l'époque de raban Gamliel II.

 

I)       Composition de cette prière:

 Le corps de la Amida est composé de 12, plus justement 13 demandes que le fidèle adresse à Dieu : 

1) Le discernement et la connaissance, 

2) savoir se repentir, 

3) le pardon divin, 

4) la rédemption, 

5) la guérison, 

6) de bonnes récoltes, 

7) le rassemblement des exilés, 

8) un juste jugement, 

9) le rabaissement de la superbe des méchants, 

10) la protection et bénédiction des justes et de toute la maison d'Israël, 

11) la reconstruction de Jérusalem,  

12)  la venue du Messie sauveur de nos jours. 

Nous terminons, et c’est le contenu de la 13ème requête à Dieu de toutes les entendre et les exhausser.

Ces demandes sont serties comme un précieux joyau, par, en entrée, trois bénédictions de louanges et en sortie, trois actions de grâces. 

La Amida est une prière très ritualisée, avec une gestuelle du corps codifiée. On ne saurait la dire n’importe comment. A grand trait, c’est-à-dire, sans rentrer dans tous les détails des lois qui accompagnent sa récitation, sachons que le priant doit se tenir debout les pieds joints, sans bouger, tourné vers Jérusalem. Cette prière doit être dite en silence, plus justement, mais en murmurant; chaque mot doit être pensé.. On la commence en avançant de 3 pas, comme si l'on désirait s’approcher de Dieu, puis en reculant de 3 pas par respect devant le Roi des rois .

Je n’irai pas plus avant dans la présentation de cette prière particulière au peuple juif. Je m’attacherai plutôt ici, pour en parler, à son caractère universel.

 

II) La prière : autrement dit

La « prière », Téfila, en hébreu,  vient de la racine Pilel  « juger ». Prier, se dit leitpalel: « se juger ».

C’est une descente sans concession en soi, mais sous le regard de l’Amour, pour se voir : où on en est. Répondre à la question éternellement présente que Dieu posa à Adam et qu’il pose à chacun de nous à chaque instant : « où es-tu ?» 

Comprendre : « Où en es-tu ? qui es-tu ? où vas-tu ? que deviens tu ? Te souviens-t-il de qui tu es etc… 

Par cette mise « à jour », on prend à nouveau conscience que nous sommes dotés d’un libre arbitre qui fait de nous des êtres responsables de nous comme des autres, de ce qui est comme de ce qui vient.

En permutant les lettres du mot tefila, j'écris le mot patal « tresser ». . La prière comme un cordon ombilical entre le Père- Mère et celui qui prie : il se nourrit de Lui , respire de Sa respiration, à l'instar du fœtus dans le ventre de sa mère. 

Un cordon, ligne téléphonique, si je puis m'exprimer ainsi, qui fait que je ne suis jamais seul ou abandonné. Quel que soit la profondeur de ma misère et de mon désespoir, où que je me tienne, je peux agiter cette corde, je peux crier : «Mon Dieu » et Il me répond, Il me sauve, en Lui je trouve mon refuge.


Prière orientée.

Donner une direction, une orientation à sa prière c’est l’axer vers le lieu que Dieu a choisi pour y faire résider Sa Présence dans le monde, à savoir le mont du Temple à Jérusalem. On se tourne en direction de cette terre, le cœur penché, ouvert, vers le Saint des Saints: lieu où Dieu parle, au -dessus du couvercle de l’Arche, entre les deux Chérubins.

Le mont du Temple ou mont Moriah est aussi appelé Tsion

C’est le lieu de notre nouvelle naissance « dans l'eau et dans l’Esprit » comme il est écrit: « De Tsion on dira tout homme est né là-bas. » (Ps. 87)


Prier à voix basse: pourquoi?

De très nombreuses et grandes règles de la prière viennent de Hanna, la mère du prophète Samuel. IL est dit dans le premier livre de Samuel (1, 13): « Hanna parlait en son cœur, seules ses lèvres bougeaient, mais sa voix ne se faisait pas entendre.» Nos sages disent à ce sujet:  “Elle parlait en son cœur” – cela nous apprend que celui qui prie doit se concentrer (prier avec kavana, intention); “seules ses lèvres bougeaient” – cela nous apprend que celui qui prie doit articuler les mots et les chuchoter. Seule notre oreille doit les entendre, à l’exclusion, de celle des voisins se trouvant à nos côtés. 

Penser les mots de sa prière

Quand on récite la Amida, on doit prier avec kavana, c’est-à-dire, prêter attention à ce que l’on dit. S’efforcer de ne pas laisser vaguer son esprit vers des préoccupations étrangères pendant la prière. Être là, tout entier, corps esprit, âme dans ce service divin.  Être à ce que l’on dit : présent dans le moment présent. Toute parole dite ainsi est créatrice d’une réalité sensible : Dieu dit et cela fut. 

 Se tenir debout


Le mot Amida vient du verbe laamod, « se lever », se tenir « debout ». C'est bien ainsi que Dieu nous veut : debout, dans notre verticalité, face à lui dans l'altérité. Il est Relation.