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vendredi 26 août 2022

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Personnalité corporative du Christ

 



Personnalité corporative du Christ Jésus.

‘’ Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ‘’? (Mc 8,30).

 

 

Définition:

Une personnalité corporative est une personne qui incarne une corporation d’êtres humains, et qui définit ungroupe, un peuple. Exemples: le Général de Gaulle est la personnalité corporative des gaullistes, à l’étranger le président de la république française incarne le peuple de France, les français, les disciples de Jésus le Christ reçoivent pour la première fois à Antioche le nom de chrétiens (littéralement adeptes du Christ) : ‘’ Et c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens » ‘’ (Ac 11,26).

Adam est la personnalité corporative de tous les êtres humains; chacun de nous est Adam.

 

 

1)            La Parole, Le Verbe Eternel.

‘’AU COMMENCEMENT était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu’’. (Jn 1,1).

Dans le judaïsme, la Thorah existe de toute éternité; elle a été donnée à Moïse (sauvé des eaux) au Sinaï, après la sortie d’Egypte des hébreux sauvés des eaux de la Mer Rouge. Ce passage à travers les eaux salines, évoquant celui d’un nouveau-né à travers les eaux utérines, signifie la naissance du peuple d’Israël:

Ex 4, 22-23: “Ainsi parle le Seigneur: Mon fils premier-né, c’est Israël’’.

Le don de la Thorah marque l’Alliance que Dieu signe avec son peuple (Ex 20).

La Thorah, et plus généralement l’Ecriture, est comme un manteau derrière lequel habite la présence de Dieu: Vraiment tu es un Dieu qui se cache, Dieu d’Israël, Sauveur ! (Is 45,15). Ainsi, l’étude de la Thorah n’est pasfacultative et tout juif doit s’y consacrer:

‘’Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.

Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur.

Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé’’ (Deut. 6, 4-7).


2)            La Création.

Le livre de la Genèse: Berechit: est fondamental, c’est le Livre du commencement, de tous les commencements, la Clé d’entrée dans la Thorah: Il ne faut pas l’entendre au sens chronologique, mais au sens del’intention; on dirait par exemple, au commencement, l’idée initiale est de réaliser tel projet. Ce n’est pas le livre du comment mais le livre du pourquoi: aucun être humain ne peut avoir la prétention de relater la création de l’univers car, par définition, il n’y était pas. Le récit de la création dans le Livre de la Genèse relève manifestement d’une rédaction liturgique comme en témoigne la structure en sept jours calquée sur la vie liturgique de la semaine, avec le jour qui commence la veille au soir (il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour). Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel, pour séparer le jour de la nuit ; qu’ils servent de signes pour marquer les fêtes, les jours et les années’’ (Gen 1,14) et le septième jour consacré au Shabbat.

La liturgie est précisément ce qui relie le monde d’en bas au monde d’en haut, notion développée dans lejudaïsme en particulier kabbaliste qui expliquerait que par exemple lorsque Dieu appelle Il dit deux fois le nom de l’appelé; exemple: ‘’Le Seigneur vint, il se tenait là et il appela comme les autres fois : « Samuel !

Samuel ! » Et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. » ‘’ (1 Sam 3,10) : il y aurait donc le Samuel d’enbas qui est appelé et aussi celui d’en haut (le Samuel à venir?). La liturgie terrestre rejoint ainsi la Liturgie céleste comme en témoigne la préface à la messe: C'est pourquoi, avec tous les anges et tous les saints, nous chantons l'hymne de ta gloire et sans fin nous proclamons : Saint, Saint, Saint...

Il y a donc l’ordre du crée et l’ordre du devenir: la création telle qu’elle est décrite dans la Genèse n’est pas unecréation finie mais une création en devenir: comme le plan de l’architecte qui décrit ce que sera la maison, laquelle maison sera concrètement réalisée en dernier. Il faut donc aborder le Livre de la Genèse comme celui d’un projet qui déjà nous transporte dans l’eschatologie: Berechit, signifie la pensée première qui définit le but à atteindre. Insistons bien sur ces mots ‘’Au commencement’’ qui ne traduisent donc pas un concept temporel, chronologique mais une intention première. En ce qui concerne Adam, il n’y a pas un premier homme qui aurait fauté et nous aurait entrainé à sa suite mais chacun de nous est Adam au départ, terme qui signifie notre nature, notre pâte humaine.

Au commencement, le but est annoncé par cette Parole de Dieu: ’’Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance’’ (Gen 1,26) et on peut lire au verset suivant: ‘’Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il lecréa, il les créa homme et femme (Gen 1,27). Aurait-on perdu la ressemblance dès le départ? Saint Irénée voit ici non pas une sorte de ‘’bug’’ de la création, mais un seul et même mouvement: Création et Salut se complètent en un seul mouvement créatif


et chaque être humain, chaque Adam, est appelé à un devenir selon un modèle antérieur à sa création: c’est lesens attribué à cette affirmation de Pilate désignant Jésus: Voici l’homme, ‘’Ecce Homo’’ (Jn 19,5) : voici ce vers qui nous devons tendre, voici le chemin de l’homme tel que voulu dans le Plan de Dieu. Adam imparfait est appelé à être parfait par la voie du Salut qui est celle de son accomplissement. C’est également le sens de cette phrase de St Paul: ‘’Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir.’’ (Rom 5,14).

 

 

3)             Le Chemin d’Adam.

Lien entre Berechit et Eschatologie:

A la fin du Livre des Actes des Apôtres on peut lire cet épisode curieux lors du naufrage de Paul sur l’ile de Malte: Actes 28, 3-6:

 

‘’Or comme Paul avait ramassé une brassée de bois mort et l’avait jetée dans le feu, la chaleur a fait sortir une vipère qui s’est accrochée à sa main.

À la vue de la bête suspendue à sa main, les indigènes se disaient entre eux : « Cet homme est sûrement unmeurtrier : il est sorti sain et sauf de la mer, mais la justice divine ne permet pas qu’il reste en vie. »

Or Paul a secoué la bête pour la faire tomber dans le feu, et il n’en a éprouvé aucun mal, alors que les gens s’attendaient à le voir enfler ou tomber raide mort. Après avoir attendu un bon moment, et vu qu’il ne lui arrivaitrien d’anormal, ils ont changé complètement d’avis : ils disaient que Paul était un dieu’’.

Anecdote? Lisons la finale de l’Evangile de St Marc 16, 17-18:

‘’Les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien’’.

Ceux qui auront la foi parviendront donc à une finalité inscrite à la fois dans le Livre de la Genèse et dans lesécrits eschatologiques bibliques: Isaïe 11, 6-9 // Gen 1, 29-31 :

Isaïe 11, 6-9 : ‘’Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.


La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage.

Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main.

Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplirale pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer’’.

Gen 1, 29-31 : ‘’Dieu dit encore : « Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de laterre, et tout arbre dont le fruit porte sa semence

: telle sera votre nourriture.

À tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui va et vient sur la terre et qui a souffle devie, je donne comme nourriture toute herbe verte. » Et ce fut ainsi.

Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour’’.

Tous les êtres vivants seraient-ils donc appelés à être végétariens? Ou bien est-ce une façon de dire la Paixuniverselle, la fin de la Violence, de la peur et de la mort, la finalité de toute la création?

C’est la peur qui induit certains de nos comportements et peut parfois nous entrainer au mensonge.

C’est notre liberté, que nulle puissance supérieure, pas même Dieu et encore moins le Mauvais ne peut forcer, qui nous amène à décider d’aller à droite ou à gauche: ‘’je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance’’ (Deut 30,19)

Liberté que St Augustin décompose en ‘’intelligence et volonté’’ la volonté manquant parfois cruellement à notre intelligence: ‘’ Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas’’. (Rom7,19). De même, concernant les autorités religieuses Jésus déplore: ‘’Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas’’ (Matt 23, 2-3).

Seul Dieu fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait: ainsi lorsque ‘’ Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut (Gen 1,3) cela ne s’opère pas en deux temps où Dieu commande et cela se réalise, mais en un seul mouvement, c’estla Parole qui


est évènement et l’évènement qui est Parole, comme le définit le mot hébreu Davar signifiant Evénement-Parole. Cela nous éclaire sur une des affirmations de la divinité du Christ par la structure même de l’Evangile de Matthieu que l’on a coutume de présenter sous la forme de sections ‘’paroles’’ couplées avec des sections ’’événements’’.

L’accomplissement de la création: l’Alliance et le Salut.

L’inachèvement d’Adam, qui n’accueille pas La Vérité sur Parole mais lui préfère sa vérité, c.à.d. fondée sur sa propre expérience et dans son seul intérêt (qui n’est pas forcément celui du voisin) le conduit à la mort.L’accomplissement d’Adam se fait donc par un chemin de salut: la faute d’Adam est de ne pas croire à la Parole surparole, de ne pas adhérer à la Parole, le Salut passe par l’Ecoute de la Parole et sa mise en pratique ‘’Shéma Israël’’ « Ecoute Israël ». Croire en la Parole définit la Foi et la mettre en pratique fait entrer dans l’Alliance avec Dieu.

 

La foi en la Parole

Croire sur parole, croire en la Parole c’est avoir la foi d’accueillir comme vérité la Parole que Dieu nous donne.

Le péché originel repose sur le refus de croire en une Parole (Gn 3 et Rom 5).

La justification par la foi se fonde sur l’obéissance c.à.d. l’écoute et la mise en pratique de la Parole (Rom 5) que Jésus accomplit jusqu’au bout.

Ne pas croire sur la seule Parole c’est être esclave du péché, c’est pourquoi à ceux qui demandent un signe (c.à.d. qui doutent de la seule Parole) Jésus renvoie à la seule Ecriture (le signe de Jonas), de même qu’aux disciples de Jean le Baptiste, venus l’interroger sur son identité messianique, il répond par l’Ecriture et c’est toujours par l’Ecriture, que Satan invoque pour le tenter au désert, qu’il répond et le vainc par trois fois donc définitivement.

St Jean, le rédacteur de l’Evangile de la Foi, devient croyant parce qu’il est témoin de l’accomplissement de la Parole (‘’détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai).

Lire: Jn 2,22; Jn 20,8 (‘’il vit et il crut’’); Jn 20,29 (‘’heureux ceux qui croient sans avoir vu’’ c.à.d. ceux qui croient en la seule Parole).

La foi est fondée sur l’Ecriture, elle s’enracine sur la Parole : rien ne peut rendre croyant ceux qui n’adhèrent pas à la Parole, qui n’écoutent pas la Parole : ‘’du moment qu’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus’’ (Luc 16,31).


La foi est le fruit de la Grâce, dans le même Evangile de Luc, Marie accueille la Parole et l’ange Gabriel l’appelle à juste titre ‘’comblée de Grâce’’.

C’est la foi qui justifie : Abram crut en YHWH qui le lui compta comme justice (Gn 15,6) et Abram devientAbraham, le père de tous les croyants, la personnalité corporative des croyants.

‘’Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, parce-que tu m’as obéi (Gn 22,18).

Adam, humain imparfait, se voit proposer un chemin de salut pour accomplir l’œuvre de la création, car, comme l’écrit St Paul: ‘’la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu’’ Rom 8,19).

 

 

4)             Personnalités corporatives bibliques et Typologie.

Le livre de la Genèse introduit des personnages, des personnalités corporatives qui s’adressent à chacune etchacun d’entre nous: ‘’Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » (Matt, 22,32).

 

 

Les Patriarches, trépied de l’Alliance:

‘’ Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob’’ (Ex 3,6).

Abraham, personnalité corporative des croyants: notons tout de suite que la foi de Marie est souvent associée àcelle d’Abraham avec toutefois cette nuance: si Marie était une femme ordinaire, sous l’emprise du péché originel, elle n’aurait pas accueilli la Parole comme elle l’a fait: c’est ce qui définit le dogme de l’Immaculée Conception qui la préserve du péché originel qui marque toute l’humanité; Dieu, hors du cosmos créé, c.à.d. hors du temps et de l’espace, n’est pas enfermé dans notre condition temporelle, Il ne subit pas les revers d’ une histoire chronologique; devant lui, tel le rouleau d’un livre antique, s’étale, de son début à son achèvement, toute l’histoire de l’humanité à qui Il s’adresse, et dans laquelle Sa Parole s’incarne d’une manière unique dans notre histoire, au temps voulu dans le Mystère de l’Incarnation. Chacun de nous dans toute l’histoire de l’humanité est concerné dans cette même attention de Dieu pour son propre accomplissement, c’est le sens de cette phrase de St Paul: ‘’ Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour’’ (Eph 1, 4). Marie, bien sûr y occupe une place à part


choisie de toute éternité, c.à.d. hors des frontières de l’Espace-Temps, c’est le sens de l’Immaculée Conception. C’est aussi le sens du Mémorial: il n’est pas le souvenir d’un événement passé mais bel et bien la mise au présent de notre vie d’une Parole-évènement fondant notre foi; ainsi à l’Haggadah de Pessah, lorsqu’on fait le récit liturgique de la sortie d’Egypte; chaque participant autour de la table ne se contente pas d’entendre une histoire relatant l’exode du peuple hébreu il y a des milliers d’années, non, chaque participant, en réalité, réalise au présent de sa vie, sa propre sortie d’Egypte.

Isaac, qui préfigure l’obéissance au Père, est la figure, le typos du Serviteur ‘il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche (Is 53, 7). ‘’Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois ; puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois’’ Matthieu reprend ce thème de la ligature lors de la passion du Christ: ‘’Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur.

Jacob, frère jumeau d’Esaü, devient Israël en boitant, c.à.d. qui ne marche pas droit (au sens propre et au sens figuré) le père des 12 tribus, douze: chiffre de la fondation de la communauté du peuple de l’Alliance repris avec le choix de 12 apôtres fondant l’Eglise du Christ. Jacob est la personnalité corporative du peuple juif.

 

 

La typologie:

‘’ Et partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait’’ (Luc 24,27).

Les Pères de l’Eglise ont reconnu tout au long de l’Ecriture, des figures particulières, des caractères ou ‘’typos’’dessinant chacun un trait de la Personne du Christ, ainsi par exemple:

Isaac, comme nous l’avons vu plus haut, est la figure du Serviteur.

Moïse, le berger devient le Pasteur d’Israël. Aaron, la figure du Grand Prêtre. David, le typos de la Royauté. Salomon, la figure de la Sagesse.

Elie, celui du Prophète.


5)             Le Serviteur Souffrant, Messie d’Israël et Messie-Israël.

La Consolation.

La Consolation est la réponse de Dieu au questionnement que soulève le Mystère de la Souffrance Innocente.

Dans le livre d’Isaïe, à partir du chapitre 40, on entre dans le deutéro-Isaïe qui est le livre de la Consolation d’Israël: Consolation pour Israël et aussi Consolation apportée aux nations par Israël. Cette Consolation, c’est la vie éternelle que Dieu propose aux croyants c.à.d. par la Foi qui seule sauve de la mort mais qui se heurte au scandale dela Souffrance Innocente qui est un Mystère central du Salut: c’est là le sens de l’encadrement de tout l’Evangile de Matthieu par le massacre des saints enfants innocents au début et la passion du Christ qui lui correspond à la fin.

''Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son tempsd'épreuve est fini, que son crime est expié, qu'elle a reçu de la main du Seigneur double peine pour toutes ses fautes’‘ (Isaïe 40,1-2).

Rappelons encore que La Consolation d'Israël est la consolation pour Israël et en même temps la consolation apportée aux nations par Israël: elle concerne toute la Théologie de l'Alliance entre Dieu et son peuple Israël et accomplit l’avènement de l'Alliance nouvelle et éternelle annoncée par les prophètes (Osée Jérémie et Ezéchiel)apportant la conversion du cœur et le salut universel (c.à.d. pour Israël et pour toutes les nations) grâce au sacrifice du SERVITEUR.

Le Consolateur est DIEU:

 ''C'est moi, c'est moi qui vous console'' (Is.51,12).

 

⁃ ‘'Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons deDieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit. (2CO.1,3-4).

Le consolateur est aussi le SERVITEUR :

 

 ''Le Seigneur m'a donné une langue de disciple pour que je sache apporter à l'épuisé une parole de réconfort.'' (Is. 50,4).

 

 ''L'Esprit du Seigneur, de l'Eternel, repose sur moi, puisque l'Eternel m'a conféré la mission de porter un heureux message aux humbles; il m'a délégué pour guérir les cœurs brisés, pour annoncer la liberté aux captifs   pour consoler tous les

affligés.''(Is.61,1-2).


 ''Et Il (L’Eternel) m'a dit: « Tu es mon serviteur; Israël, c'est par toi que je me couvre de gloire »''(Is.49,3).

 

⁃ ''Et maintenant, s'adressant à moi, l'Eternel qui m'a créé pour être son serviteur, pour lui ramener Jacob et grouper Israël autour de lui............................................................................................................... L'Eternel me dit: «C'est

trop peu que tu sois mon serviteur........ Je veux faire de toi la lumière des nations,

mon instrument de salut jusqu'aux confins de la terre »'' (Is.49,5-6).

 

 

6)             Jésus, Messie d’Israël: de Jacob-Israël à Jésus-Israël.

LE SERVITEUR D’ISAÏE EST DONC A LA FOIS LE PEUPLE D’ISRAËL ET

UN INDIVIDU, un individu unique qui figure ce peuple: c'est ce qu'on dénomme une « personnalité corporative» comme le patriarche Jacob-Israël ou Abraham (cf. Is.51,1-2). (Lire:'' les Oracles du Serviteur Souffrant'' du Père Thomas Kowalski aux Ed. Parole et Silence pages 48-49 et ‘’La Promesse’’ Mgr J.M. Lustiger page 57).

La théologie chrétienne a fondamentalement reconnu, en Jésus, Le Serviteur, pourtant, comment ne pas faire mémoire de la Shoah et ne pas revoir ces terribles images des documents nazis montrant les wagons à bestiaux en partance pour les camps, ou ces femmes tondues devant la caméra avant de rejoindre les rangs des condamnés marchant ''docilement'' vers leurs lieux d'exécution, lorsqu'on relit ces versets: ''Méprisé, repoussé des hommes,homme de douleurs, expert en maladies, il était comme un objet dont on détourne le visage, une chose vile dont nous ne tenions plus compte............. Maltraité, injurié, il n'ouvrait pas la bouche; pareil à

l'agneau qu'on mène à la boucherie, à la brebis silencieuse devant ceux qui la tondent, il n'ouvrait pas la bouche.''(Is. 53,3 et 7).

Comment, après des siècles de persécutions antisémites et de souffrances infligées aux juifs de toutes les générations, ne pas voir dans le peuple juif l'incarnation du Serviteur Souffrant et le lien tant théologique que charnel unissant Jésus à son peuple et à sa destinée. Dès lors, que penser des tentatives séculaires d'isoler le Christ, c.à.d. Le Messie d'Israël, sinon de ''tuer le Fils premier né pour s'emparer de l'héritage'':

               '' Ainsi parle l'Eternel: Israël est le premier  de mes fils;''(Ex.4,22).

               '' Les vignerons en voyant le fils, se dirent par devers eux: « celui -ci est l'héritier

: venez! Tuons-le, que nous ayons son héritage »''(Matt.21,38) ....... Cette Théologie de la''substitution'' n'est-elle pas en elle- même déicide?


7)             L’Accomplissement de la Création, d’Adam à Jésus.

A travers ces deux fondamentales personnalités corporatives que sont Jacob-Israël et Jésus-Israël il y a la vision de l’accomplissement de l’humanité charnelle vers l’humanité spirituelle, c.à.d. l’accomplissement du plan de Dieu tel que le livre de la Genèse nous le rapporte en finalisant la Création: cela se réalise en Eglise grâce à deux personnalités corporatives associées à cette économie du Salut:

La Sainte Vierge : fille de Sion, régulièrement évoquée dans les versets du deutéro-Isaïe parallèlement aux oracles du Serviteur, nouvelle Eve qui, selon la théologie chrétienne, enfante une nation de croyants (Is 66, 7-8) =personnalité corporative de l’Eglise ou encore Mère de l’Eglise.

Le disciple que Jésus aimait, auto-désigné par l’évangéliste Jean, personnalité corporative réunissant chacun de nous, jumeau de Thomas-Didyme (cherchez et trouvez-en Jn 11,16 // Jn 14,5 // Jn 18,15-16 //Jn 19, 26-27 // Jn20, 2 et 8 et 27-29

// Jn 21, 20-25): ‘’Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui’’ (Jn 19, 26-27).

Notons ici la place particulière de la mission de MBS : Chaque membre de cette association, Marie Fille de Sion, est, dans le propre accomplissement de sa personne, un pont spirituel dans sa construction personnelle et dans son témoignage prophétique, c’est dans ce sens que Mgr Jean-Marie Lustiger affirmait être non pas un juif converti (on ne se convertit pas du seul vrai Dieu d’Israël lorsqu’on est déjà tourné vers Lui) mais un juif accompli dans le Christ, c’est dans ce même sens que chaque juif devenu chrétien témoigne au sein de cette association et que chaquechrétien éprouvant l’appel du judaïsme trouve également son accomplissement, selon cette parole de l’apôtre Paul: ‘’toi, olivier sauvage, tu as été greffé parmi les branches, et tu as part désormais à la sève que donne la racine de l’olivier’’ (Rom 11, 17).

Ainsi, il ou elle participe à cette vision prophétique:

 

Dan 7, 13-14: ‘’ Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel,comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté

; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est unedomination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite’’.


Achevé d’écrire le 6 juin 2022 (lundi après la Pentecôte, journée mémoire en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise).

 

 

Jean-Jacques Assouline

 

 

 

 

 

Bibliographie non exhaustive:

La Bible d’abord et avant tout.

Marie dans le mystère du Christ et de l’Eglise de St Jean-Paul II.

 

La fille de Sion Méditations sur Marie de Joseph Ratzinger.

 

La promesse de Jean-Marie Lustiger.

 

Les oracles du serviteur souffrant par Thomas Kowalski.