par Cristiana Dobner
Le 9 août 1942, il
y a exactement 75 ans, Edith Stein mourait dans le camp d’extermination
d’Auschwitz, en Pologne.
Dans l’édition
italienne de L’Osservatore Romano du 8 août 2017, Cristiana Dobner évoque en « trois noms et trois dates »
cette femme courageuse, qui refusa qu’on l’aide à se libérer et qui affirmait :
«Le monde est fait de contradictions…
Mais la finale ne sera pas faite de ces contradictions. Il ne restera que le
grand amour. Comment pourrait-il en être autrement ? »
CR
Voici notre traduction de l’article du quotidien du
Vatican.
Les dernières
étapes de l’existence d’Edith Stein se résument à trois noms et trois dates.
Amersfoot, le 2
août 1942 : le chauffeur du char d’assaut sur
lequel Edit et Rosa (sa sœur) avaient été contraintes de monter, déportées du
monastère lors des représailles faisant suite à la lettre des évêques
hollandais contre le nazisme, se trompe de route et elles arrivent ainsi au
camp à une heure avancée de la nuit.
Westerbork : où elles furent transportées dans la nuit du 3 au 4 août et
qui fut décrit ainsi par Etty Hillesum: « Dans
l’ensemble, il y a une grande cohue, à Westerbork, presque comme autour de la
dernière épave d’un bateau auquel s’agrippent trop de naufragés sur le point de
se noyer. Parfois on pense que ce serait plus simple d’être enfin déportés que
de devoir toujours assister aux peurs et au désespoir de ces milliers et
milliers, hommes, femmes, enfants, invalides, fous, nouveau-nés, malades,
personnes âgées qui, dans une procession quasiment ininterrompue, défilent le
long de nos mains secourables ».
Auschwitz : numéro
44074. Avec le communiqué laconique et bureaucratique : « Le 9 août 1942, en Pologne, est décédée
Stein, Edith Thérèse Hedwige, née le 12 octobre 1891 à Breslau, résidant à Echt
».
Le jardinier du monastère d’Echt, un journaliste ami et un
jeune ancien déporté l’ont côtoyée dans ces derniers moments. Ils purent ainsi
se présenter comme témoins oculaires aux procès qui ouvrirent la voie vers la
béatification et examinèrent la vie et le témoignage face à la mort de la
phénoménologue devenue carmélite.
Edith Stein peut ainsi être saisie en prise directe : « Elle parlait avec une humble assurance, au
point d’émouvoir ceux qui l’entendaient. Une conversation avec elle (…) était
comme un voyage dans un autre monde. Dans ces moments-là, Westerbork n’existait
plus… Elle me dit : ‘Je n’aurais jamais
cru que les hommes puissent être ainsi et… que mes frères devraient tant
souffrir !’. Quand cela ne fit plus de doute qu’elle devait être
transportée ailleurs, je lui demandai si je pouvais l’aider et (chercher à la
libérer) ; … de nouveau elle me sourit en me suppliant de ne pas le faire.
Pourquoi faire une exception pour elle et pour son groupe ? Cela n’aurait pas
été juste de tirer avantage du fait qu’elle était baptisée ! Si elle n’avait
pas pu participer au sort des autres, sa vie aurait été ruinée : « Non, non, pas cela ! ».
Le journaliste Van Kempen se trouva devant « une femme spirituellement grande et forte
». Pendant l’entretien, il fuma une cigarette et lui demanda « si elle en voulait aussi une ». Elle me
répondit qu’elle avait fumé à une époque et qu’autrefois, étudiante, « elle avait aussi dansé ».
Le jeune qui a survécu a noté un aspect particulier : « Elle était très courageuse ; elle donnait
ses réponses telle qu’elle était. Quand le SS blasphémait, elle ne réagissait
pas, mais elle restait elle-même. Elle n’avait absolument pas peur ».
Wielek, fonctionnaire hollandais, rapporte un dialogue
dans lequel « avec assurance et humilité
», Edith Stein disait : « Le monde est fait de contradictions… Mais la
finale ne sera pas faite de ces contradictions. Il ne restera que le grand
amour. Comment pourrait-il en être autrement ? »
Traduction de Zenit, Constance Roques
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire