Une journée de formation pour les délégués diocésains aux relations avec
le judaïsme est organisée vendredi 10 mars à la Conférence des évêques de
France. Le nouveau directeur national de ce service, le P. Louis-Marie Coudray,
a vécu trente-cinq ans en Israël.
Trente-cinq ans vécus en Israël lui donnent une légitimité incontestable
pour porter la responsabilité qui lui a été confiée par la Conférence des
évêques de France (CEF). Le P. Louis-Marie Coudray, directeur national du
service pour les relations avec le judaïsme de la CEF depuis septembre dernier,
et qui organise demain une journée de formation pour les délégués diocésains
sur la question de la Terre, a quitté il y a un an le monastère d’Abu Gosh, à
12 kilomètres de Jérusalem, pour retrouver sa communauté du Bec-Hellouin, à la
porte de laquelle il avait frappé en 1977, à l’âge de 18 ans.
Le tout jeune étudiant en droit et gestion avait découvert l’abbaye
normande et ses frères bénédictins olivétains à l’occasion de retraites,
lorsqu’il était élève à Sainte-Croix de Neuilly. Devenu novice, celui qui avait
grandi dans une famille catholique pratiquante apprend l’hébreu, découvre le
dialogue judéo-chrétien et assiste à la fête de Kippour à la synagogue de
Rouen.
« La Terre sainte est souvent
qualifiée de cinquième Évangile »
Le Bec-Hellouin a en effet une relation privilégiée avec la Terre
sainte. En 1976, trois frères, envoyés par Dom Grammont, alors abbé du
monastère normand, l’ont rejointe, s’installant à Abu Gosh, village arabe
israélien, doté d’une église fortifiée construite au XIIe siècle par les
croisés, qui ont vu là le lieu de la rencontre d’Emmaüs.
La colline de Deir el-Ashar, aux flancs desquels s’accroche le village
aujourd’hui musulman, est aussi connue pour être le lieu où, selon la tradition,
l’arche d’Alliance est restée durant une vingtaine d’années jusqu’à ce que le
roi David vienne la chercher pour la porter à Jérusalem.
Frère Louis-Marie rejoint Abu Gosh en 1980, envoyé comme coopérant. Puis
il demande à y rester. Les années qu’il passera là-bas modèleront sa foi
chrétienne, lui donnant « le sens de l’Incarnation ». « La Terre sainte est
souvent qualifiée de cinquième Évangile, raconte-t-il. J’y ai découvert
l’importance de la Parole de Dieu. Et j’y ai appris la complexité des choses,
qui interdit de parler par slogan. »
Un besoin de formation sur la
relation au judaïsme
Le religieux a aussi fait l’expérience de vivre en minorité. « Cela
donne une dose d’humilité, et nous ramène à l’essentiel. J’ai aussi appris à
avoir un grand respect de la foi des personnes. » La communauté d’Abu Gosh
est en effet liée à nombre de musulmans et de juifs, accueillant de jeunes
soldats israéliens au cours de leur service militaire, tout comme de jeunes
musulmans du village.
Désormais responsable des relations avec le judaïsme, il insiste sur le
besoin de formation des catholiques à ce sujet. « Notre relation au judaïsme
est un paradigme par rapport à tout le reste, explique-t-il. Il s’agit
de notre enracinement le plus profond ! »
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