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jeudi 23 mars 2017

P. Louis-Marie Coudray, l'enracinement israélien d'un bénédictin olivétain


Une journée de formation pour les délégués diocésains aux relations avec le judaïsme est organisée vendredi 10 mars à la Conférence des évêques de France. Le nouveau directeur national de ce service, le P. Louis-Marie Coudray, a vécu trente-cinq ans en Israël.


Trente-cinq ans vécus en Israël lui donnent une légitimité incontestable pour porter la responsabilité qui lui a été confiée par la Conférence des évêques de France (CEF). Le P. Louis-Marie Coudray, directeur national du service pour les relations avec le judaïsme de la CEF depuis septembre dernier, et qui organise demain une journée de formation pour les délégués diocésains sur la question de la Terre, a quitté il y a un an le monastère d’Abu Gosh, à 12 kilomètres de Jérusalem, pour retrouver sa communauté du Bec-Hellouin, à la porte de laquelle il avait frappé en 1977, à l’âge de 18 ans.
Le tout jeune étudiant en droit et gestion avait découvert l’abbaye normande et ses frères bénédictins olivétains à l’occasion de retraites, lorsqu’il était élève à Sainte-Croix de Neuilly. Devenu novice, celui qui avait grandi dans une famille catholique pratiquante apprend l’hébreu, découvre le dialogue ­judéo-chrétien et assiste à la fête de Kippour à la synagogue de Rouen.

« La Terre sainte est souvent qualifiée de cinquième Évangile »

Le Bec-Hellouin a en effet une relation privilégiée avec la Terre sainte. En 1976, trois frères, envoyés par Dom Grammont, alors abbé du monastère normand, l’ont rejointe, s’installant à Abu Gosh, village arabe israélien, doté d’une église fortifiée construite au XIIe siècle par les croisés, qui ont vu là le lieu de la rencontre d’Emmaüs.
La colline de Deir el-Ashar, aux flancs desquels s’accroche le village aujourd’hui musulman, est aussi connue pour être le lieu où, selon la tradition, l’arche d’Alliance est restée durant une vingtaine d’années jusqu’à ce que le roi David vienne la chercher pour la porter à Jérusalem.
Frère Louis-Marie rejoint Abu Gosh en 1980, envoyé comme coopérant. Puis il demande à y rester. Les années qu’il passera là-bas modèleront sa foi chrétienne, lui donnant « le sens de l’Incarnation ». « La Terre sainte est souvent qualifiée de cinquième Évangile, raconte-t-il. J’y ai découvert l’importance de la Parole de Dieu. Et j’y ai appris la complexité des choses, qui interdit de parler par slogan. »

Un besoin de formation sur la relation au judaïsme

Le religieux a aussi fait l’expérience de vivre en minorité. « Cela donne une dose d’humilité, et nous ramène à l’essentiel. J’ai aussi appris à avoir un grand respect de la foi des personnes. » La communauté d’Abu Gosh est en effet liée à nombre de musulmans et de juifs, accueillant de jeunes soldats israéliens au cours de leur service militaire, tout comme de jeunes musulmans du village.
Désormais responsable des relations avec le judaïsme, il insiste sur le besoin de formation des catholiques à ce sujet. « Notre relation au judaïsme est un paradigme par rapport à tout le reste, ­explique-t-il. Il s’agit de notre enracinement le plus profond ! »

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