À la suite de son prédécesseur, le cardinal Jean-Marie Lustiger, le
cardinal André Vingt-Trois est investi dans le dialogue avec le judaïsme
estimant « qu’il ne peut pas y avoir de catholicisme sans lien profond
avec le judaïsme ».
« L’intention de l’Église n’est pas de transformer les juifs en
chrétiens, mais d’essayer de comprendre comment les chrétiens sont héritiers
d’une alliance dans laquelle ils ont été accueillis, et comment ils entrent
dans une relation fraternelle avec le judaïsme. » (26 février 2016)
Le 20 octobre 2005, il organise avec le Consistoire de Paris une soirée
célébrant le 40e anniversaire de la déclaration Nostra Ætate du concile
Vatican II sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes (28
octobre 1965). Cet événement rassemble un millier de personnes à l’École
cathédrale, en présence de Moïse Cohen, président du Consistoire de Paris.
Les 11 et 12 novembre 2006, il intervient devant la réunion du conseil
exécutif du Congrès juif mondial, et donne sa vision du rôle du dialogue
inter-religieux dans la construction de la paix mondiale :
« Ainsi le dialogue entre les communautés juives et l’Église
catholique montre-t-il comment le dialogue inter-religieux peut ne pas rester
la spécialité de quelques-uns mais tracer des chemins concrets pour la paix
entre les hommes et dans les cœurs humains par-delà les différences
culturelles, voire à travers elles » (11 novembre 2006)
À la suite de Jean-Marie Lustiger qui les avait initiées en 2003, il se
rend chaque année aux États-Unis pour participer à des rencontres entre évêques
catholiques et hauts représentants de l’orthodoxie juive à New-York et
Washington. Ces rencontres s’inscrivent dans l’évolution positive des relations
entre juifs et catholiques depuis le concile Vatican II (déclarations Nostra
Ætate et Dignitatis Humanæ).
Du 12 au 16 février 2007, André Vingt-Trois conduit un pèlerinage en
Terre Sainte avec près de 600 pèlerins. Ce voyage lui donne l’occasion de
prendre la parole à l’université de Tel-Aviv, et d’y assurer une conférence sur
le thème “Sécurité et éthique au XXIe siècle”. À cette occasion, il rappelle
que :
« Sans exclure des relations avec les autres religions, nous
catholiques, nous sommes convaincus que notre relation avec le judaïsme est une
relation singulière. C’est donc volontiers que nous reprenons la formule
employée par le Pape Jean-Paul II quand il parlait de nos "frères
aînés. » (12 février 2007)
Le 11 décembre 2007, à l’occasion d’une rencontre judéo-catholique sur
le thème « Dix ans après la
déclaration des évêques de France à Drancy : quel dialogue pour
l’avenir ? », le Cardinal rend à nouveau hommage au cardinal
Lustiger et à son intuition :
« Plus que jamais, nous avons besoin dans un pays comme le nôtre,
que les différentes communautés se rencontrent et se parlent. Nous devons
apprendre à vivre selon des appartenances multiples, sans que cette
multiplicité fasse soupçonner la fidélité de l’attachement à chacune, car
chacune est selon son ordre. » (11 décembre 2007)
Du 21 au 25 octobre 2013, il effectue un voyage en Israël à l’occasion
de l’inauguration d’un Mémorial au cardinal Lustiger sur le site de l’abbaye
bénédictine d’Abu Gosh. À cette occasion, une rencontre a lieu à l’université
de Bar Ilan, à Tel Aviv :
« C’est donc une action de grâce que nous construisons peu à peu
par notre démarche, une action de grâce pour le signe qui nous a été donné à
travers l’histoire personnelle et le ministère de Jean-Marie Lustiger, et une
action de grâce pour la porte qui est ouverte devant nous, afin qu’à notre tour
nous puissions entrer dans cette histoire d’Alliance et rejoindre profondément
la réconciliation que Dieu veut accomplir avec l’humanité. » (22 octobre 2013)
En novembre 2015, à l’occasion du 50e anniversaire de la déclaration
conciliaire Nostra Ætate, il reçoit du Grand Rabbin de France, Haïm
Korsia, au Collège des Bernardins, la « Déclaration pour le Jubilé de
Fraternité à venir » rédigée par cinq personnalités du judaïsme français.
« La deuxième chose sur laquelle je voudrais revenir concerne la
déclaration Nostra Ætate. Comme cela arrive souvent dans des textes élaborés
par l’Église, Dieu a suscité quelque chose de plus que ce qui avait été prévu.
Il ne nous a pas simplement conduits à engager des démarches de réconciliation,
à relire nos comportements historiques et à établir des relations plus normales
avec les juifs, mais beaucoup plus profondément, à prendre vraiment conscience
que nous ne pouvions pas élaborer une vision chrétienne de l’histoire du monde
et de notre relation avec Dieu comme si le peuple élu n’existait pas. » (23 novembre 2015)
En décembre 2016, à l’initiative de l’Institut Lustiger, il remet en
perspective les progrès et les enjeux du dialogue entre l’Église catholique et
le judaïsme après Nostra Ætate, ainsi que la figure du cardinal Lustiger
dans la progression des relations entre juifs et chrétiens.
Interventions sur les relations avec le judaïsme :
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