Fête de Pentecôte
Fête de l’effusion de l’Esprit saint
Introduction
50 jours après Pâques, alors qu’ils se trouvaient réunis tous ensemble, les disciples du Christ reçurent l’effusion de l’Esprit saint : « ….Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint. Ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. (…) Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue. » (Act 2)
Depuis cet évènement fondateur, chaque baptisé, en revêtant le Christ, en devenant chrétien, le reçoit aussi. Pour ceux qui se demanderaient à juste titre : « Qu’en est-il de ceux qui ne sont pas baptisés ? Ont-ils eux aussi accès au Saint Esprit ? »
Jésus répond : « L’esprit souffle là où il veut… » ( Jn 3) Le « souffle de sainteté » comme son nom l’indique, est souffle, haleine, vent. Il est impalpable, invisible. Une fois répandu sur le monde Il s’introduit là où il veut, chez qui il veut, nul ne peut le capturer ou l’arrêter, fort heureusement.
Car, s’il est vrai que cet Esprit Saint a été donné en un lieu et à un moment particulier de l’histoire d’Israël à seulement un petit groupe de personnes, dans le même temps il a été donné au monde entier : de la même manière que les 10 Paroles reçues au mont Sinaï furent ensuite reçues et entendues au fil des siècles par tous.
Pour que s’accomplisse le projet divin d’une terre où Dieu résiderait, il a bien fallu commencer quelque part. Dieu s’est choisi une famille, un peuple avec lequel il contracte une Alliance ; de ses entrailles naîtra le messie, celui qui étendra cette alliance à tous les hommes : le projet d’amour de Dieu est universel.
Ce processus est comparable à la petite flamme d’une bougie solitaire qui en allume d’autres, encore et encore et de flamme en flamme c’est finalement un incendie d’amour qui embrase la terre tout entière.
Cet Esprit Saint c’est la circulation du souffle d'amour du Père vers le fils, du Fils vers le Père ; et par le Fils, le nôtre, celui de ses frères. En un mot c’est un esprit de famille !
A ) Effets de l’Esprit saint en nous
1) nous fait prier
Sans lui nous ne serions que chair muette car lui seul prie en nous, « en d’ineffables gémissements » nous dit Saint Paul. Il est prière.
Une prière incessante qui dilate et travaille nos cœurs jusqu'à les rendre cœurs de chair, cœurs brisés, cœur du Christ, pain rompu donné en nourriture pour le Salut du monde.
2)Lui seul nous rend libre et nous permet de dire au créateur « Père »
« L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont peur, c’est un esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant Abba".( Rom 8) Abba est un mot hébreu qui signifie « papa ».
3) Il fait de nous des « baptistes »
Après sa Résurrection, le christ Jésus s’adresse à ses apôtres leur disant : "Allez enseignez toutes les nations les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint Esprit".(Mt28,19). C’est-à-dire « Plongez chaque homme ou femme qui le demande dans une nouvelle matrice qui leur fait prendre conscience que le créateur est leur Père, qu’ils sont ses fils et que le prochain qu’ils côtoient est leur frère !
Cela ne signifiait aucunement, à mon humble avis, entrainez les dans une religion nouvelle. Juste et c’est une révolution de tout leur être, apprenez-leur une nouvelle façon d’être homme, à être des « adam », des êtres qui passe de l’image divine, du genre humain, à celui de la ressemblance (Dieu créa adam à son image et à sa ressemblance), de fils. Une ressemblance à acquérir par nos actions : être, si je puis l’exprimer ainsi sans que l’on se prenne pour Dieu, « dieu » sur terre, c’est-à-dire un christ rédempteur, tout entier don d’amour et de vie pour le prochain.
4) Il nous fait renaître
L’identité de fils du Père et frères de Jésus, de filialité et de fraternité universelle dans laquelle l’Esprit nous fait renaitre est une vraie recréation, nous sommes une œuvre nouvelle de Dieu : à nous de rendre effectif ce nouveau potentiel, de mettre en œuvre cette re-naissance.: « Nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu.(Jn 3,5) »
5) Il nous fait parler
Cette onction fait de nous des « parlants ». Elle nous révèle que l’Esprit et le Verbe sont intimement et intrinsèquement liés.
Ce souffle si particulier nous fait parler en « langue », c’est-à-dire en de multiples langages : du plus simple au plus élaboré. Nous parlons toutes les langues tout en ne parlant que la nôtre puisque nous sommes compris par tous. La langue de l’intériorité, du cœur.
Tu nous donnes, toi Esprit saint, de parler de cet amour du Père pour chacun d’entre nous, et de propager dans le monde entier, la Bonne Nouvelle de cette invitation qu’y nous est faite de devenir des fils pour devenir des frères. L’eau vivifiante de l’Esprit qui s’échappe du côté blessé du corps du Christ, Temple de Dieu, fait naître en nous, à notre niveau, le Verbe, le Messie, le Fils que nous sommes. Nous vivons comme un nourrisson qui tète le lait de sa mère, de cette communication incessante et continue de vie, d’amour du Père pour le Fils, du Fils pour le Père.
Le jour de la Pentecôte, jour de l’effusion de l’Esprit saint, les apôtres se sont mis à parler en « langue » de telle manière que ceux qui les entendaient les comprenaient dans leur propre langue, la langue dite « maternelle » : langue des entrailles de la mère, du sein maternel nourricier, de celle qui console et berce. Bienheureuse sonorité des premiers jours, plus encore des jours avant le compte des jours, ceux du temps de la gestation, leur formation dans le secret en ce lieu des entrailles maternelles appelées en hébreu ré’hem , mot qui, lu ra’hem signifie « miséricorde ».
Une parole miséricordieuse qui donne la vie, qui met au monde.
Esprit saint, j’ose le dire, j’ose l’écrire et le confier en ces pages, certains jours, certains soirs, tu viens à moi comme une mère. Tu es une mère, tu es ma mère.
Certaines fois, au cœur de la nuit, tu me réveilles avec une infinie délicatesse, tu m’appelles : je sens sur ma joue la légère caresse du duvet de ton aile, aussitôt un sourire intérieur illumine mon cœur.
Tu es la mère parce que seule toi, tu peux me montrer le Père : seule la mère peut dire qui est le père de l’enfant qu’elle a mis au monde. Alors seulement, le cœur gonflé de joie je peux crier : « abba » !
Tu es la mère parce que tu es cet esprit de famille qui se préoccupe de réunir tous les enfants dans la maison familiale, le Beit hamiqdash, « la maison de sainteté » à savoir le Temple, à construire en nos corps.
Tu es la mère parce que tu es la seule à te préoccuper de réconcilier les frères entre eux, de ramener les fils au Père pour le pardon.
B / Qualités de cet Esprit que Jésus nous envoie :
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père…(Jn, 15), l’Esprit de Vérité. (Jn,16).
Un esprit qu’il ne peut nous donner que s’il s’en va, s’il remet le sien au Père : « Il est bon pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, vous ne recevrez pas l’Esprit Saint ». (Jn 16).
C’est une parole forte, voire choquante que leur adresse le Christ. Il leur dit que son absence sera pour eux plus « présence » que sa réelle présence.
En accueillant cette parole « coup-de poing » qui ébranle tout mon être, je comprends, combien le Bien-aimé de mon âme a raison. Quand il était là, tout échappait à ses disciples. Ils ne le comprenaient pas. Par cet Esprit-souffle, son souffle, il habite corporellement à l’intérieur de chacun d’entre nous ; à nous de demeurer en lui, de respirer de ce souffle, de baigner tout entier dans son esprit, de cultiver cette intimité jusqu’ à la rayonner.
Mon Christ, tu me donnes en héritage ton souffle. Ce souffle bienheureux d’affection filiale et paternel : par lui, toi et le Père vous demeurez en moi.
Prière :
Esprit de Vérité, mon Défenseur, mon consolateur, souffle du Christ, souffle d’une vie toute donnée, tout offerte, ton amour, ton attention, ta présence de tous les instants, me confond et blesse mon cœur de pierre plus surement qu’aucune arme.
Chaque jour, comme une mère, tu te places tel un rempart devant moi, pour me protéger de moi-même : je suis mon propre accusateur
Je m’accable, je culpabilise, incapable de me pardonner mes fautes, mes erreurs, mes échecs, mes manques d’amour, je me punis : je m’empêche de vivre cette vie extraordinaire qui m’est donnée. Je me ferme à ce don d’amour : de mon vivant, je me meurs.
Alors, toi mon sublime Défenseur, tu viens, dans ta robe immense d’avocat, tu loges dans ses plis, tous mes cris, mes larmes, mes regrets et tu les présentes devant le trône divin. Au son crucifiant de cette infini douceur de ta voix, tu éveilles sa Miséricorde : je suis pardonné.
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