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lundi 26 mars 2018

Elie passionné pour son Dieu


On ne sait pas grand-chose des origines et de la vie personnelle d'Élie...

On ne sait pas grand-chose des origines et de la vie personnelle d'Élie. Il apparaît brusquement au chapitre 17 du premier Livre des Rois : Élie, le Tishbite, de la population de Galaad... Essayons de tracer son portrait, au fil des divers récits bibliques qui parlent de lui.
Un solitaire
Élie n'était-il pas reconnaissable à son vêtement de poils et son pagne autour des reins (2 R 1,8), le costume traditionnel des prophètes ? Choisi par le Seigneur pour le service de sa parole, il est d'emblée mis à part et solitaire. Cela se traduit dès le début par l'obligation de se retirer loin des lieux habités : « Va-t-en d'ici, lui dit le Seigneur, dirige-toi vers l'orient et cache-toi dans le ravin de Kérith » (1R 17,2-6). Dans ce ravin Élie a pour compagnie et bienfaiteurs des corbeaux. Plus tard, la sécheresse s'aggravant, il reçoit l'ordre d'aller en pays étranger, à Sarepta de Sidon, où une veuve l'accueille (17,18-20).
Aux yeux d'Achab, qu'il doit affronter au bout de trois années d'exil, il est le porte-malheur d'Israël et un ennemi personnel (18,17). Il semble que les autres prophètes se regroupent en des sortes de confréries, mais Élie se déclare devant le peuple « seul prophète du Seigneur » (18,22). Sa solitude devient extrême lorsqu'il doit fuir la colère de la reine Jézabel après avoir fait massacrer les prophètes de Baal (19,1-5). Il a bien un serviteur, anonyme, mais il le laisse à Béer-Shéva et s'enfonce seul dans le désert où il s'assoit et « s'endort sous un genêt isolé ». Quand il arrive à la montagne de Dieu après 40 jours de marche, il se plaint au Seigneur : « Les fils d'Israël ont abandonné ton alliance... je suis resté, moi seul, et l'on cherche à m’enlever la vie » (19,14).
Chargé par Dieu d'oindre Élisée comme prophète à sa place, il trouve en lui un successeur pour l'avenir (19,16.19-21); pour le présent, cependant, c'est un serviteur plus qu'un ami. Au dernier moment, alors qu'Élie et Élisée cheminent ensemble, celui-ci l'appelle Maître (2R 2,35). Élie semble toujours seul.
Un personnage complexe
L'humanité du prophète se manifeste en des traits de caractère assez contrastés, parfois contradictoires. Quelle que soit la difficulté, il obéit au Seigneur sans discuter. Ainsi il part dès qu'il en reçoit l'ordre, et repart, toujours plus loin, jusqu'au désert et à l'Horeb. Il revient parler au roi qui l'a fait chercher partout et il affronte sa colère (1R 18,1-2). Il donne l'onction au prophète que le Seigneur a désigné. Il annonce docilement le châtiment du Seigneur aux usurpateurs criminels, fussent-ils roi et reine (21,20), et à Akhazias qui se fie à l'idole Baal-Zeboub (2R 1,6).
Mais Élie discute aussi avec son Dieu. Il lui rappelle ses obligations vis-à-vis de la pauvre veuve de Sarepta et de son fils (1 R 17,20). Il demande grâce pour lui-même quand l'épreuve devient trop lourde (19,4). Tout à tour il prend la fuite et brave le courroux des rois. Il est plein de délicatesse et de prévenance pour une pauvre veuve et un orphelin, sensible à l'angoisse du fidèle Obadyahou qui craint pour sa vie (18,9-17), compréhensif à l'égard d'Élisée (19,20). Mais il fait égorger, sans état d'âme apparent, 450 prophètes de Baal (18,40) et appelle le feu du ciel sur deux chefs de cinquantaine et leurs hommes (2 R i,10-12). Au moment du sacrifice sur le Carmel, il se moque ouvertement des adorateurs d'une idole inerte (1 R 18,27.30-36), avant de se montrer sûr et fier de son Dieu et de s’humilier devant lui dans une prière de supplication.
Passionné pour son Dieu
En fait, la vie et la personne d'Élie sont étroitement liées à son amour pour le Seigneur. Il lui fait entièrement confiance pour sa nourriture, son repos et sa sécurité. Et il lui est donné de boire au torrent, d'être ravitaillé par les corbeaux du désert (17,4-6), hébergé par une veuve sans ressources en pays étranger (17,15-16), sauvé de son découragement mortel en plein désert (19,6). Il transmet fidèlement et sans crainte tous les messages dont le Seigneur le charge, et celui-ci l'entoure de délicate sollicitude : « Lève-toi et mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi (19,7) ».
Sûr d'être écouté du Dieu qu'il aime, Élie se fait près de lui médiateur et intercesseur pour ses frères. Il annonce à Akhab la fin de la sécheresse et de la famine (18,41). Il peut assurer la veuve charitable qui l'a secouru que le nécessaire, farine et huile, ne lui manqueront plus (17,14). Il obtient même pour elle que Dieu rende la vie à son fils. Pourtant Élie ne se prévaut pas de sa propre puissance: Fais que l'on sache... que je suis ton serviteur et que c'est par ta parole que j'ai fait toutes ces choses (18,36).
La Parole de Dieu, ainsi que ses dons, passent par lui, sans plus. Son seul secret est une foi et un attachement sans faille. Il peut dire en toute vérité: Je suis passionné pour le Seigneur (19,14). Passionné et donc intransigeant, il confesse: C'est toi, Seigneur, qui es Dieu (18,37). Déjà pris au feu de Dieu pendant sa vie, et feu lui-même comme le dit le Siracide (si 48,1), il ne pouvait qu'être enlevé dans le feu à la fin. Non sans avoir veillé à ce qu'un autre serviteur, Élisée, continue à porter la Parole parmi les humains.

© SBEV. Madeleine Le Saux

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