Editions Parole et Silence, novembre 2012.
Nous ne pouvons que vous recommander la lecture du dernier
livre de Michel Remaud: nouveaux venus dans le dialogue judéo-chrétien, dans
la lecture juive des écritures ou déjà initiés.
156 pages, 15 €
Dans cet ouvrage de 156 pages, Michel Remaud a rassemblé, à
partir d’une suggestion qui lui a été faite, une série d’articles courts, 60 en
tout, dont le contenu général est bien défini par le titre : Paroles
d’Évangile, paroles d’Israël. La plupart de ces réflexions sont reprises de la
revue Feu et Lumière. Les cinq derniers (numéros 56 à 60) ont paru sur le site
d’Un écho d’Israël.
Le style est simple et limpide. Le lecteur chrétien non
familiarisé avec la tradition juive pourra y découvrir toute une série de
perles inattendues, qui lui montreront que les Évangiles plongent dans un
milieu qui leur est familier et qui, pour une bonne part, les inspire, car la
nouveauté du Christ s’y enracine. Ce petit ouvrage ne mérite pourtant pas la
qualification qui accompagne certains titres en guise d’encouragement au
profane : « pour les nuls ». Ceux qui ont déjà une certaine connaissance du
judaïsme pourront y trouver de quoi enrichir ou confirmer leurs convictions. Enfin,
pour ceux qui ont la possibilité d’aller vérifier directement dans les sources,
la liste des références en fin d’ouvrage leur dira où aller chercher.
Nombre d’expressions ou récits des Évangiles ou plus
largement du Nouveau Testament peuvent sembler une pure nouveauté apportée par
Jésus ; d’autres interrogent le lecteur par leur caractère paradoxal ou
énigmatique. Replongés dans leur milieu juif d’origine, ces passages y trouvent
un sens confirmé et parfois un éclairage insoupçonné.
Quelques exemples :
- Que signifie ce « trou d’aiguille » (Mt 19,24) par lequel un riche devrait passer pour entrer dans le royaume de Dieu ?
- Jésus déclare aux femmes qui le suivent sur le chemin du Calvaire, « Si l’on traite ainsi le bois vert, qu’en sera-t-il du bois sec ? » (Lc 23,29-31). Est-ce vraiment une malédiction ?
- Une femme atteinte d’hémorragies est persuadée que si elle parvient à toucher la frange du vêtement de Jésus, elle sera guérie ; et c’est ce qui lui arrive. Mais pourquoi précisément « la frange » ?
- Prête-t-on suffisamment attention à cette demande du Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » ?
- La béatitude « Heureux ceux qui pleurent » (Mt 5,5) est illustrée par le rire paradoxal de Rabbi Aqiva.
- Est-ce un hasard si Zachée porte précisément ce nom ?
- etc. !
Cet ouvrage de Michel Remaud donne envie d’en connaître plus. « Va et étudie » disait Hillel à un impertinent qui voulait apprendre la Tora le temps qu’il se tenait sur un pied. Une hirondelle ne fait pas le printemps. De même, un écho de la tradition juive dans le Nouveau Testament pris isolément n’est pas une preuve. Mais à mesure qu’un chrétien découvre la richesse des relations entre les deux domaines, il approfondit la compréhension de son christianisme et comprend combien est justifiée sa reconnaissance envers le peuple qui garde vivante la tradition au sein de laquelle son espérance a pris naissance.
Jean Massonnet
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